Plus de 160 ans d'histoire
Le service topographique a plus de 160 ans d'histoire.
Le service du cadastre, rattaché au Génie militaire, a été créé le 5 mai 1856 afin d’officialiser les concessions mises en adjudication. Il devient rapidement, par arrêté n° 39 du 22 avril 1867, le service topographique avec pour mission principale l’installation des colons et l’établissement de la carte de l’île. Il est alors composé d’un chef de service, de trois géomètres et de deux dessinateurs.
La découverte du nickel par Jules Garnier augmente les attributions du service car il est chargé de délimiter et de dresser les plans des concessions minières. Rattaché au service de l’enregistrement, du domaine et des timbres en 1878, il est rattaché au service des mines en 1909, jusqu'au 1er mars 1915.
Avec la nomination de Nicolas Ratzel au poste de chef du service le 16 mars 1915, commence alors le règne de 24 ans de celui qui va transformer le service et lui donner l’importance de sa mission. Il n’a de cesse de former les jeunes et d’obtenir pour son service des améliorations significatives dont la principale est l’achat des instruments par la colonie.
Les vastes attributions indiquent bien le rôle important joué par le service :
- lever de la carte et des plans ;
- arpentage, bornage, rapport d’estimation des terrains ;
- conservation des 50 pas géométriques ;
- exécution des règlements sur les mines, carrières salines et eaux minérales ;
- conservation des eaux et forêts, règlement sur la chasse, la pêche.
Le géomètre est l’agent de la colonisation, il est le contact direct avec le terrain. À cette époque, il n’est pas rare que le géomètre parte un mois ou deux, voire plus, pour le lever de la carte et des concessions. Il est alors accompagné des aides indigènes et vit donc à leur contact.
Cette façon de travailler sur le terrain dure de nombreuses années en raison de l'absence de routes. Nicolas Ratzel se déplace à cheval ou en bateau pour visiter « ses » agents sur le terrain et il met au point « l’Ancien apprend le métier au Nouveau » : un esprit qui va perdurer jusque dans les années 1970 et le boom du nickel.
Le départ du service vers le privé d’un ingénieur - et de plusieurs géomètres - est alors compensé par la venue de jeunes diplômés et d’ingénieurs de l’Institut géographique national (IGN). Sans perdre les attributions de 1921, le service s’agrandit et se modernise avec des géomètres basés dans les principaux villages du territoire.
Cette évolution avait débuté après la Seconde Guerre mondiale, alors que les dirigeants venaient de s’apercevoir qu’il manquait à la Nouvelle-Calédonie une carte moderne et plus détaillée que celles, déjà existantes, de Laporte ou de la Société Havraise.
C’est l’IGN qui est chargé de réaliser cette carte moderne. D’importants moyens sont mis en œuvre pour sa confection. Les géomètres du service topographique sont mobilisés et participent aux travaux de terrain. Ils découvrent alors une autre façon de travailler.
Un réseau géodésique unique est mis en place ainsi qu’un réseau de nivellement. La collection de carte topographique au 1 : 50 000° est produite, de même que la carte routière au 1 : 500 000° et quelques cartes au 1 : 25 000°.
Ces cartes portent en elles un drame qui marquera la Nouvelle-Calédonie. En effet, dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1953, La Monique qui ramène de Maré Robert Parazols, dit « Bobby », et les observations des îles Loyauté n'arrive jamais à Nouméa. Aujourd’hui encore, ce mystère reste entier.
En 1974, le service topographique est chargé d’une nouvelle mission qui consiste à dresser l’inventaire cadastral de la Grande Terre et des îles. Il aura fallu 26 ans pour le réaliser tout en l’entretenant.
Après les événements de 1984, les Accords de Matignon et la création des provinces, le service « éclate » en quatre entités. Un service topographique est installé dans chacune des provinces. Celle restant de compétence Nouvelle-Calédonie est rattachée à la direction des Infrastructures, de la topographie et des transports terrestres (DITTT) où elle est toujours.
L’arrivée des nouvelles technologies que sont les ordinateurs et les GPS du début des années 1990 modifie profondément les méthodes de travail. De plus, le réseau routier étant diversifié, les campements d’autrefois sous la tente ou sous une cabane en niaoulis disparaissent du paysage des géomètres.
À partir des années 2000, l’avènement de la géomatique (SIG) transforme en profondeur l’activité quotidienne du service topographique. Les données qu’il produit, encore utilisées de manière trop confidentielles, sont rendues accessibles au plus grand nombre grâce aux nouvelles technologies et à internet.